PARIS (Reuters) - Jean-Luc Fatol, cancéreux
en phase terminale violemment frappé fin mai par les policiers
lors d'un contrôle d'identité en région parisienne, est décédé
dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-on appris dimanche auprès
de son avocate. "Il n'est pas nécessaire d'être agrégé
de médecine pour comprendre que le traitement (qu'il) a subi,
les coups autant que le stress, n'est pas étranger à un décès
intervenu si tôt", explique Me Horia Dazi-Masmi dans un communiqué.
Selon elle, Jean-Luc Fatol, atteint d'un
cancer de l'estomac en phase terminale, "savaient ses jours
comptés" mais les médecins lui avaient donné "l'espoir de passer
avec sa femme et ses deux enfants les prochaines fêtes de Noël
voire les premiers temps de 2005".
"Six mois au moins volés à l'amour des
siens, c'est une éternité", s'insurge l'avocate.
Le 31 mai dernier, Jean-Luc Fatol, originaire
de La Réunion, était intervenu pendant un contrôle d'identité
de son fils et de deux de ses amis par une équipe de quatre
policiers aux Mureaux (Yvelines).
Jeté à terre et violemment frappé, alors
qu'il avait prévenu les policiers de son état, il avait été
emmené au commissariat avant d'être relâché. Rappelé quelques
jours plus tard, il avait été placé en garde à vue sans avoir
eu la possibilité de voir un médecin, comme le permet la loi.
SOS-Racisme avait annoncé son intention
d'appuyer l'action en justice entamée par Jean-Luc Fatol contre
les quatre policiers.
Dans un communiqué diffusé dimanche soir,
l'association réitère sa demande d'excuses pour la victime "car
dans notre pays aucune intervention policière ne doit avoir
pour conséquence la mort prématurée d'un individu".
"Si l'Etat ne réagit pas, il cautionne
de la sorte le comportement anormal des policiers violents.
Cette impunité serait un signe d'encouragement adressé aux policiers
violents et un signe négatif adressé à la population qui attend
que les policiers oeuvrent à sa sécurité".
Pour Horia Dazi-Masmi, son client est
mort "sans avoir entendu une autorité de notre pays lui apporter
le réconfort moral, les excuses que cette bavure policière imposait".
"Pour ses deux enfants, témoins de son
tabassage, c'était la réparation qu'il attendait pour que reviennent
en eux la confiance et la sérénité républicaines dans lesquelles
il avait voulu les élever", souligne-t-elle.
20/06/04